La crise sanitaire a fortement impacté le secteur agroalimentaire. Entre les pénuries de nos grandes surfaces, la peur de se faire contaminer en déambulant dans les rayons et la fermeture de nombreux marchés, une solution s’est vite dégagée parmi tout ce brouillard : le circuit court.
Largement plébiscité par les Français.es durant cette période, il est maintenant temps de faire perdurer ce mode de consommation.
Les basiques du circuit court
D’après la définition du ministère de l’agriculture, « le circuit court est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire ».
Considéré comme une véritable alternative à l’agriculture intensive, c’est également un véritable levier de développement durable. Le circuit court séduit de plus en plus d’exploitant.es qui peuvent pérenniser leurs activités de manière durable.
Aujourd’hui, c’est plus d’un cinquième des agriculteur.ices qui utilisent ce mode de commercialisation.
Si tu n’es pas encore ultra familier.e avec ce terme, tu connais forcément le circuit court sous une de ses nombreuses formes. Il y en a des dizaines ! À toi de te lancer dans la méthode qui s’adapte le mieux à ton mode de vie.

La vente directe du producteur au consommateur
En ce qui concerne la vente directe, c’est l’agriculteur.ice qui est directement au contact des consommateur.ices.
Ce type de vente peut se dérouler à la ferme, mais pas que ! L’agriculteur.ice peut également se rendre sur des marchés, salons ou foires pour vendre ses produits. La vente sur internet fait également partie des ventes directes réalisées par l’exploitant.e.
Sans oublier les AMAPs, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, considérées comme des ventes en « tournées« . Ce système créé une proximité entre producteur.ice et le consommateur.ice depuis bientôt 30 ans.
Il est temps de voir s’il en existe une à côté de chez toi ! Ces ventes de produits frais en provenance directe de la ferme sont vendus dans des points relais au milieu des centres-villes. Tu peux également aller chercher ton panier directement à la ferme si tu habites non loin de là.
Comment ça marche ? En gros, tu adhères à une AMAP, avec qui tu établis un contrat sur une période donnée (en général par saison). Durant ce laps de temps, l’agriculteur s’engage à livrer dans ce point relais des paniers de produits frais, arrivés à maturité sur l’exploitation. Ce qui veut aussi dire que tu n’auras jamais de panier identique d’une semaine à l’autre.
C’est tout benéf’ pour les exploitant.es qui ont une sécurité financière grâce aux paiements des récoltes en avance. De manière solidaire, les consommateur.ices partagent également les risques liés aux aléas climatiques : gel, canicule et autres tempêtes.
Aujourd’hui, il existe plus de 2 4000 AMAPS qui ravitaillent 50 000 familles en France.
La vente indirecte avec un seul intermédiaire
Concernant les ventes indirectes, ça se passe avec un seul et unique intermédiaire. Celui-ci peut être commerçant (boucherie, épicerie ou commerce de proximité comme biocoop, grandes et moyennes surfaces) ou restaurateur.
Dans la même optique que les AMAPs, tu peux également consommer local via un réseau de communauté d’achat, comme La Ruche qui dit Oui. Entreprise sociale de l’économie collaborative, ce genre de structure met en relation les petits producteurs locaux et les consommateurs.

L’avantage principal de ce système est la liberté du côté consommateur.ice. Pas besoin de s’engager sur une période donnée et il est possible de choisir ses produits comme dans n’importe quel magasin en ligne.
Si tu as le choix entre une AMAP et un réseau d’achat, je te conseillerais tout de même l’AMAP qui rémunère à 100% les agriculteurs. Avec des start-ups comme la Ruche, une partie du revenu de l’agriculteur part dans des frais de service. Cela reste tout de même une meilleure alternative que la grande distribution !
Tu l’auras compris, le local est au coeur du processus. Si cet atout a séduit en masse la population française lors du premier confinement, le circuit court a bien d’autres qualités intemporelles…
Le circuit court et ses nombreux avantages
Une juste rémunération des agriculteurs
Tu le savais ? Aujourd’hui, 1/4 des agriculteur.ices vivent sous le seuil de pauvreté. Pire, 30% des exploitant.es gagnent moins de 350 euros par mois.
Les pratiques tarifaires de la grande distribution liées à la mondialisation ont mis à mal les producteur.ices français.es.
Si tu n’as pas encore vu « Au nom de la Terre », fonce. Ce film met en lumière la détresse d’une grande partie du monde agricole. Le réalisateur, Édouard Bergeon, lui-même fortement touché par cette situation, insiste sur le fait que le nombre de suicides de cette profession et encore sous-évalué.
Heureusement, depuis le début des années 2000, des alternatives à l’agriculture intensive apparaissent. Le circuit court, même s’il a toujours existé, promet un nouvel air pour les agriculteur.ices notamment grâce aux AMAPs. Revenu décent, dignité, mais aussi réduction des intermédiaires qui entraine une meilleure qualité des produits et une traçabilité sans faille.
Si ce mode de fonctionnement s’avère juste pour les agriculteur.ices, ce n’est pas de tout repos. Les exploitant.es travaillent autant, voire plus, pour pouvoir assurer la vente directe. Transport, comptabilité, transformation des aliments, le métier évolue avec le circuit court.
Pour résumer, consommer local revalorise le travail des agriculteur.ices. Qu’elle soit directe ou via un intermédiaire unique, la vente est reversée en quasi-totalité au producteur. Terminé le pourcentage prélevé par les grandes surfaces ou hypermarchés, c’est un prix juste à la fois pour l’agriculteur.ice que pour le/la consommateur.ice.
Le lien social au coeur du processus
En plus d’être sous-payés et sous-estimés, celles et ceux qui nous nourrissent sont devenus invisibles auprès de la population française. Situation paradoxale pour une profession absolument indispensable à notre survie.
Au fur et à mesure, notre manière de consommer s’est totalement déconnectée de la réalité et de la nature. Et pour preuve, une grande partie des Français reconnaissent plus facilement les logos des grandes enseignes que les sortes de légumes qui poussent à 15km de chez eux.elles.
Cet effet pervers de la mondialisation a créé des situations d’isolement social pour les agriculteur.ices. Avec un travail qui leur prend en moyenne 57h par semaine, bien souvent 7 jours sur 7, compliqué de s’imbriquer dans la vie en société.
Grâce à la vente directe, la relation consommateur.ice/producteur.ice renaît et l’échange se créé.
En France, 3/4 des habitant.es vivent en ville. Le circuit court paraît donc être une bonne solution pour renouer avec le milieu rural. Proximité et authenticité permettent aux citoyen.nes de mieux comprendre le travail qui se cache derrière leurs produits alimentaires.
Respect de l’environnement
Si l’environnement a longtemps été oublié dans les méthodes productivistes et intensives, le circuit court fait le pari d’une agriculture durable. Le fait de redonner de l’importance aux produits locaux engendre un effet boule de neige de bonnes pratiques écoresponsables.
Moins de gaspillage
Adieu les fruits et légumes aux couleurs parfaites et tailles astronomiques, bonjour aux produits frais aux formes naturelles. Nos mentalités évoluent, et nous ne sommes plus dupes.
La reconnexion à la nature nous permet de prendre conscience de l’impact d’un produit et de lutter contre son gaspillage. Quand on connaît le temps qu’il faut pour qu’un légume arrive à maturité, le nombre de litres d’eau pour le faire pousser et l’énergie demandée de la part de l’exploitant.e, l’envie de jeter n’est plus la même.
Limitation des transports et des longues distances
La limitation du transport impacte également positivement l’environnement. Pour cela une scrupuleuse chaîne logistique doit être mise en place afin que chaque trajet individuel n’émette pas trop de gaz à effet de serre. Car réduire les distances ne fait pas systématiquement baisser l’empreinte environnementale…
Zéro déchet
Qui dit proche de chez nous, dit également moins d’emballage ! Pourquoi empaqueter ? Pour protéger des aléas des longs voyages. Avec le circuit court, pas la peine.
Dans ton panier à vélo, ton coffre, ton tote-bag, plus besoin de packaging et encore moins de plastique ! Et ça, c’est merveilleux.
Une santé protégée
Ok, circuit court, ne veut pas toujours dire bio. Mais tout de même, le constat est sans appel.
Tu manges des aliments frais et de saison qui seront toujours plus riches en nutriments que des produits ayant fait le tour du monde avant d’arriver dans ton assiette.
Si les produits de la monoculture et de l’agriculture intensive sont néfastes pour les consommateur.ices, ils sont absolument désastreux pour les agriculteur.ices. En effet, les pesticides employés pour répondre à la demande ultra-productiviste sont de véritables poisons pour les exploitant.es. Augmentation du taux de tumeur, des leucémies, faiblesses intellectuelles, troubles… la liste est longue.
Créateur d’emploi
Comme je te le disais, le circuit court ne signifie pas moins de travail pour les exploitant.es. Bien au contraire !
L’association Civam de Bretagne et l’Agrocampus Ouest ont mené une étude nommée Salt afin d’évaluer l’impact économique du circuit court. Et bingo, la multiplication des échanges permet un meilleur développement économique. Ce mode de commercialisation est responsable également d’une meilleure répartition des richesses de l’alimentation et une création de valeur ajoutée plus importante.
Le circuit court : c’est maintenant !

Abattre les préjugés
Comme pour l’avènement du bio, le circuit court est encore une fois considéré comme une pratique de bobo. Trop onéreux, réservé aux privilégiés, il y a encore pas mal de préjugés à déconstruire.
En effet, à qualité égale, la vente locale est moins chère que les produits de l’agro-industrie. Détrompe-toi si tu penses que les géants du secteur alimentaire se préoccupent des moins aisés avec certains produits à prix très accessibles. De qualité moindre, bourrés de pesticide, ayant traversé des milliers de km tout en sous payant les producteurs qui les ont produits, voilà ce que ces grands supermarchés proposent.
Et puis, le circuit court ne date pas d’hier, il est d’ailleurs le fondement de notre consommation en matière d’alimentation. Avant la révolution industrielle et la mondialisation de masse, c’était même le principal mode de commercialisation.
Remettre du sens dans nos assiettes
Si nous voulons démocratiser le circuit court, il est nécessaire de sensibiliser la population sur l’ensemble du système alimentaire actuel. Derrière nos actes d’achats, se dissimule toute une chaîne économique. À nous de soutenir ce qui nous tient réellement à coeur.
Plus concrètement, tu peux te former à ces enjeux gratuitement avec le programme Réaction Alimentation de Makesense. Circuits courts, lutte contre le gaspillage alimentaire et alimentation saine, durable et juste, tout y passe !

Nous avons tout à gagner à conserver cette solidarité entre producteur.ices et consommateur.rices.
2 commentaires sur « Le circuit court, l’avenir de notre alimentation »